Pierre Mac Orlan

L’indicible guerre…

 

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On a parlé de Chas Laborde, et aussi de Georges Grosz et Gus Bofa, lors de la journée d’études consacrée à Pierre Mac Orlan et les peintres et organisée par la Société des Lecteurs de Pierre Mac Orlan et le Musée de la Seine-et-Marne à Saint-Cyr-sur-Morin le 18 octobre 2014.

L’occasion de recommander l’ouvrage passionnant réalisé par Evelyne Baron, conservatrice en chef du Patrimoine: L’Indicible Guerre, Pierre Mac Orlan. Ce beau livre met en parallèle les lettres envoyées par l’écrivain mobilisé à son épouse Marguerite, les clichés restaurés d’un album de photographies du front qu’il avait constitué après la guerre, et des extraits de ses livres de guerre, Les Poissons morts, La Fin, Verdun, Dans les tranchées, ouvrages exceptionnels par leur ton, leur qualité littéraire et leur intérêt en tant que témoignages, mais que, semble-t-il personne n’a songé à rééditer en ces temps de commémoration. Seul est disponible, grâce aux éditions Cornélius, U-713, ou les gentilshommes d’infortune. Et pourtant Les Poissons morts a été salué par Max Jacob comme un chef d’oeuvre du livre de guerre. Mais on préfère aujourd’hui au regard direct porté par les témoins de la guerre, la vision de seconde main, bien-pensante et trop souvent conformiste, que véhiculent des dizaines d’albums de bande dessinée ou de romans plus ou moins historiques.

Ces lettres et photos inédites forment un document unique sur la vie quotidienne de Mac Orlan, et de ses proches, durant les années de guerre. Par exemple, dès 1916, l’écrivain tente de vendre articles et dessins pour gagner de quoi améliorer l’ordinaire et aider sa femme.  La réalité de la guerre est bien éloignée de celle des faiseurs d’images d’Épinal : « Tu n’imagines pas ce que c’est que deux années de guerre. Je suis absolument fatigué et je n’ai rien à dire, parce que je ne sais rien, que la vie est toujours la même et que l’on a qu’une préoccupation, celle du tir de l’artillerie. Ce régime est abrutissant. » On savourera les photos du romancier, correspondant de guerre en Allemagne en 1919-1920, vêtu d’un superbe uniforme britannique.

Enfin, à lire attentivement ces lettres brèves, on apprend beaucoup sur la famille de cet homme secret, qui a toujours pris soin de brouiller ses traces. On découvre ainsi un oncle Paul Lefranc, que Bernard Baritaud identifie comme le parent auquel Mac Orlan fait allusion dans La Petite Cloche de la Sorbonne.

Il faut donc remercier Evelyne Baron et son équipe de ce livre précieux, indispensable aux amateurs de Pierre Mac Orlan, comme aux amateurs de témoignages. De ces années en enfer, Mac Orlan tire une morale simple et imparable : « L’important est de passer à travers. »