La fille de Corse.
La Ville de joie, de Albert-Jean, La Renaissance du Livre, 1921.Les débuts de Chas Laborde dans le domaine du livre illustré sont modestes. Tandis que Francis Carco tente, vainement, de convaincre les éditeurs de publier les dessins de son ami consacrés au monde de la prostitution, Arrivent quelques commandes de couvertures illustrées pour des romans en édition ordinaire. Ainsi en 1921, le roman d’Albert-Jean, La Ville de joie. De son vrai nom Marie, Joseph, Albert, François Jean, Albert-Jean (1892-1975) fut poète, romancier et dramaturge. Il a écrit L’Amant de la morte et Les Morts étranges d’Albury, pour le théâtre du Grand-Guignol, et des romans aux titres décourageant : Maud et les Trois Jeunes Gens, Bouillotte et Jérémie, La Dame aux Écailles, Derrière l’Abattoir ou Le Secret de Barbe-Bleue. Chas choisit de représenter l’héroïne de La Ville de Joie, Thérèse, dans le salon de son mari, le notaire Antoine Letourneur, face à un portrait qui la fascine, celui d’une « jeune femme brune, aux sourcils touffus qui projetaient une ombre drue sur les yeux flambants au fond des orbites. (…) Ses baisers devaient avoir la rage et l’acuité du nom qui timbrait le cartouche du portrait : Attilia. » Attilia Ottolenghi est d’origine corse, tout comme Thérèse, dont elle était la grande-tante. Elle a fait « le désespoir de sa famille », en s’enfuyant à dix-sept ans avec un « Italien qui peignait les enseignes sur le port d’Ajaccio ». Cette histoire d’amour s’achève évidemment dans le sang. Et Thérèse, fascinée par Attilia, subira la malédiction familiale et connaîtra un destin tragique. Albert-Jean n’en fut pas moins élu président de la Société des Gens de Lettres. Il a été tiré de La Ville de Joie, outre l’édition courante, quinze exemplaires sur papier pur fil Lafuma. |