Réminiscences. La Baïonnette, n°216, 21 août 1919.
La bourgeoisie révèle sous le crayon de Chas Laborde tout ce qu’elle peut avoir de mesquin, de médiocre, de sournois et de méchant.
Dans Les Humoristes Francis Carco note : « Ses bourgeois avec leur clique d’huissiers, d’agents, de députés, de banquiers, de militaires, de boutiquiers, d’écrivains, de commères, de vieilles filles, d’épouses, de cocus, de gâteux, nous délivrent – à la fin – de la bêtise, de la vanité, de l’avarice, des mille tripatouillages de la décence et de la puanteur des plus horribles compromissions. Non, rien ne nous empêchera jamais d’approuver Chas Laborde dans son mépris de notre actuelle société, ni de le soutenir dans la lutte qu’il lui a déclarée, bistouri en main… »
La guerre n’a pas été perdue pour tout le monde. Les rentiers ont fait leur devoir patriotique en prêtant à l’état de l’argent à 5%, et les commerçants leur beurre avec le rationnement.
Trois générations. Peut-être la grand-mère, la mère et la fille. Sans doute de nouveaux riches, fiers de leur fortune fraîchement acquise qui leur permet d’afficher vase à la mode, piano, tableaux aux murs et bague au petit doigt.L’argent assure pouvoir et supériorité sociale et morale. Le conserver est donc la préoccupation principale.
La mère manie la pince à sucre avec autorité:
– La guerre, quelle atroce calamité !
– Oui… mais le beurre était à cinq francs le kilo.
C’était le bon temps…
La gamine se moque bien de la conversation des adultes. Par-dessous ses boucles blondes, elle regarde avec curiosité le monsieur qui la dessine.
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