La fille de Calaveras.
Dans les bois de Carquinez, de Bret Harte, Edition Française Illustrée, s.d.Cette édition propose deux romans de Bret Harte, In the woods of Carquinez et A Millionaire of Rough-And-Ready. Le premier est traduit par Albert Savine (1859-1927), historiographe et traducteur prolifique, qui édita avant la Grande Guerre de nombreux auteurs naturalistes, découvrit Jean Lorrain et Paul Margueritte, mais publia la « Bibliothèque antisémite »; le second par Michel Georges-Michel (1883-1985), auteur des Montparnos, que Gus Bofa avait nommé « dictateur aux fêtes éventuelles » du Salon de l’Araignée. Né à New-York, petit-ils d’un immigrant juif orthodoxe, Francis Bret Harte publie son premier texte à l’âge de onze ans. En 1853, il part pour la Californie où il exerce divers métiers. Journaliste, il dénonce publiquement le massacre d’Indiens à Tuluwat en 1860. Menacé de mort, il doit fuir à San Francisco. Il publie plusieurs contes et récits consacrés à la vie des chercheurs d’or en Californie, que Mark Twain juge faux et insincères. Il est vrai que les deux écrivains s’étaient fâchés. In the woods of Carquinez raconte les aventures d’un métis de Blanc et d’Indien, chasseur et botaniste, Lo, et d’une danseuse, Térésa, meurtrière en fuite, après qu’elle ait tué le shérif de Calaveras, qu’il a tirée des pattes de la police. A ce couple, Harte oppose la corruption des citadins et notamment du pasteur, le révérend M. Wynn, dont la fille « avait reçu une éducation fort coûteuse. Elle était profondément ignorante en deux langues. Elle avait appris assez de musique et de peinture pour n’y rien entendre, tandis qu’elle tenait de la nature un instinct sûr pour la toilette qui lui seyait le mieux. » Rejetés par la société, Lo et Térésa périront dans l’incendie qui ravage la forêt californienne et seront présentés par la presse comme « deux misérables vagabonds, dont l’un passe pour avoir été un Indien Fouisseur, qui se nourrissait d’herbes et de racines, et l’autre une femme perdue de la race blanche. » Chas réalise une vignette pour la couverture du livre, qui montre la forêt californienne, où les arbres sont si grands que la lumière n’y pénêtre pas et rend hommage au talent de paysagiste du romancier. Le frontispice montre la première rencontre des deux protagonistes de Dans les Bois de Carquinez. Outre le tirage ordinaire, il existe 25 exemplaires sur pur fil Lafuma, dont 7 hors-commerce. |