Que la bête fleurisse, Donatien Mary, éditions Cornélius.
Donatien Mary, jeune dessinateur et graveur, publie aux éditions Cornélius, ce magnifique récit de mer, âpre et cruel, qui évoque Melville, Mac Orlan ou Poe. Singularité de cette oeuvre sans dialogues, elle se compose de 350 gravures (soit 24 kg de cuivre) et a demandé quatre ans de travail. Dans un entretien avec le magazine Bodoï, il explique:
J’ai réalisé le livre entièrement en gravure sur cuivre (eaux-fortes et aquatintes). C’est-à-dire que chaque case est une petite plaque de cuivre gravée et imprimée. Cette technique est longue et fastidieuse, mais elle apporte un rapport différent au dessin. Le dessinateur n’a plus son papier sous les yeux, il doit finir sa page avant d’en voir le résultat, ce qui rend son dessin plus instinctif. Mais il construit également son image petit à petit, en fonction des différentes étapes de la gravure. Il réalise tout le trait, de façon très libre, puis il monte les gris et les noirs à la façon d’un développement photographique. Les masses se découpent au pinceau et au vernis qui vient protéger la plaque des attaques de l’acide. C’est un savoir-faire et un rapport réellement physique au dessin, qui me rapprochait de mon sujet.
Evoquant un de ses aînés, Gus Bofa, il précise pour Le Télégramme de Brest : « Sa palette des gris et de noirs profonds m’a inspiré, autant que les traits du graveur Chas Laborde mais je me sens proche également d’Otto Dix et de George Grosz, deux artistes allemands de la même époque. »
Et nous pouvons être sûrs que Chas Laborde l’aurait approuvé lorsqu’il écrit :
« C’est un dessin que l’on pratique debout et j’aime cet exercice physique avec le métal que l’on incise, en travaillant à l’envers comme sur un miroir. »
Retrouvez l’entretien de Donatien Mary avec Bodoï ici.
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